3 Nos Heures

Le ciel est blanc comme en novembre. Il est 9h10. Nous sommes en septembre. Ce n’est pas la suite de l’histoire. On ne tire pas un fil long et rectiligne jusqu’à la mort. Ce serait l’idéal croit-on. Ce serait ennuyeux dit-on. Pour te rassurer tu peux trier les temps en différents volumes et t’assurer que chaque étape en est une. Que chaque amour en est un. Que chaque ami. Chaque rencontre. Chaque baignade. Te conduisaient ici. Juste là. Près de toi. De toi à toi à cet endroit-ci. Je n’ai pas de traces de tout. Je garde peu de choses ou d’objets. Je donne. Je jette aussi. Peu sont les éléments-matières à qui j’ai donné vie. Avec un cœur. Un corps charnu. Une âme potelée. Une forme dense et douée d’échanges. La montre de M. La sacoche de A. Le moulin à café de P. Ils ont une histoire. La leur. Je n’en ferai pas un roman de deux cent cinquante pages sur la transmission. L’héritage. Le symbolique. L’odeur du meuble qui ne change pas même peint et repeint. Je suis mauvaise cliente. Je me sais fille petite fille sœur… et j’en suis d’accord. Sans porter une charge épidermique. Je n’ai pas à feindre l’attachement ni à l’exagérer. Je n’ai personne en détestation. Personne en obligation. Je vis à cinq cent kilomètres et cela intensifie mon amour — peut-être. Sa vitalité. Les retrouvailles sans perte. Le frigo plein. Le rhum. Le marais en barque ou à pied. Il est 9h25. L’automne est chaud et humide.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *