J’attends la réponse. Il est 8h57. Depuis quelques jours nous parlons. Il me semble que je suis sommé de choisir. Faire un pas de ce côté-ci ou de l’autre. Je suis censée savoir où je vais. Où je suis. Et à mon âge à présent il est attendu d’avoir fixé les mouvements des quinze années précédentes. On arrête les escapades. Les drogues. Le sexe en plein jour avec néons en sus. Je dois te répondre. Je devrais être au fait de mes désirs. De tous mes désirs. Savoir ce que ma peau veut. Ce que mon esprit croit. Ce que mon cœur bat. Je m’essouffle. Après chaque nuit. À chaque réveil. Mes mots sont différents. La réponse au pluriel. Il est 9h07. Dix minutes ont passé. Mes pensées s’entrechoquent si simplement. Les pensées sont faites ainsi. Elles sont modelées pour produire du son. Le son habite nos crânes. Le son produit par mes pensées ne ressemble à aucun autre. Je veux que le son se fasse docile. Je refuse d’être remplie de son et d’étouffer sous la pression sonore. J’essaie de me répondre. À l’instant ça reste impossible. Encore. Je ne veux pas m’exténuer. Je ne peux pas mentir. Je veux savoir. Et puis. Je veux du calme dans la tête. J’y arrive. Et quand je ressortirai les questions avec ce calme dans la tête. J’espère que la réponse sera limpide. Nue.